Communications
- Didier Alexandre | La bibliothèque numérique, un patrimoine ?
- Sylvain Antichan et Jeanne Teboul | La classe (sociale) de l’histoire : les expositions historiques revues par les visiteurs issus de milieux populaires
- Isabelle Aristide-Hastir | Déchiffrer les lettres de Marie-Antoinette ? L'apport des technologies récentes en imagerie pour révéler un texte sous-jacent dans un manuscrit de la fin du XVIIIe siècle
- Michèle Baussant, Marina Chauliac, Irène Dos Santos, Evelyne Ribert et Nancy Venel | Mise en visibilité des mémoires des migrations : une patrimonialisation singulière?
- Valérie Beaudouin et Lionel Maurel | La Grande Guerre sur le Web : présence et diffusion du patrimoine numérisé
- Viviana Birolli et Camille Bloomfield | Manart: sélectionner, éditer, dématérialiser les manifestes artistiques
- Marc Bormand et Anne Bouquillon | Les reliefs en stuc de la Renaissance italienne: recherches sur un matériau « pauvre »
- Héloïse Conesa | La conservation et la valorisation du patrimoine photographique contemporain dé/re-matérialisé.
- Pascal Cordereix, Aude Julien-da Cruz Lima et Claire Schneider | Les sources de l’ethnomusicologie : les outils du web sémantique pour une médiation novatrice des archives sonores et audiovisuelles
- Philippe Dillmann | Recherches interdisciplinaires sur l’armement médiéval : bombardes et armures
- Bernadette Dufrêne et Alexandra Saemmer | Patrimoine éphémère : quelles réalités ?
- Mélanie Duval-Massaloux | Trajectoire patrimoniale des sites d’art rupestre sud-africains. Enseignements à partir du bien UNESCO « Maloti-Drakensberg »
- Yolaine Escande | Patrimoine matériel vs valeurs lettrées sur le marché de l’art international des peintures et calligraphies chinoises
- Daniel Fabre | Monument, patrimoine et politiques du sacré. Conquérir Vézelay
- Eloi Gattet | La photogrammétrie au service de l’acquisition massive de modèles numériques 3D pour la sauvegarde, le partage et l’étude de collections muséales
- Anne Hertzog | Musées et découpages du monde. Assignations territoriales du patrimoine
- Brigitte Juanals et Jean-Luc Minel | Évolution des médiations patrimoniales et web sémantique dans les musées : vers la construction d’un espace culturel partagé ?
- Julien Jugand | Mettre en scène l’histoire : performances d’un patrimoine musical en Inde du Nord
- Alizée Lacourtiade | Des cristaux d’argent aux pixels : l’oeuvre cinématographique à l’époque de sa reproduction numérique.
- Philipp Leu | Matérialité éloquente : les revues littéraires et artistiques de la fin du XIXe siècle
- David Lo Buglio | Vers une caractérisation d’éléments architecturaux à partir de l’observation des similarités géométriques
- Philippe Marquis | La 3D et les enjeux de médiation via le numérique au musée : les objets et les sites archéologiques
- Cheikh Niang | Patrimoine culturel et restauration-conservation : pour un référentiel commun aux différentes sources de données
- Marie-Sylvie Poli | La muséologie de la réception : une approche critique de la patrimonialisation comme pratique sociale
- Nicolas Prévôt | Le patrimoine musical des Nanterriens : un projet « INOUI » de webdocumentaire.
- Sylvie Sagnes | D'une quête à l'autre : la visite de Notre-Dame
- Valentina Vapnarksy et Éliane Camargo | Restitution des savoirs autochtones et formes locales de transmissions : un portail collaboratif wayana-apalaï (Guyanes)
Didier Alexandre
La bibliothèque numérique, un patrimoine ?
En construisant et diffusant une bibliothèque numérique, le labex OBVIL semble accomplir un geste patrimonial, puisqu'il pérennise des ouvrages, les met à la disposition de la collectivité, les légitime en raison de son statut institutionnel. Cette reconnaissance, ce partage, cette caution savante suffisent-ils néanmoins à garantir l'appartenance d'un ouvrage au patrimoine? À ce compte tout document, par la seule intention et le geste performatif de celui qui le met en ligne, ne peut-il devenir patrimonial? Peut-être faut-il dissocier la numérisation du patrimonial et situer la valeur de patrimoine en amont et en aval, dans le lien identitaire qui unit le document à son lecteur et les déterminations qui établissent ce lien.
Sylvain Antichan et Jeanne Teboul
La classe (sociale) de l’histoire : les expositions historiques revues par les visiteurs issus de milieux populaires
Dans les discours des représentants de l’État, de collectivités territoriales comme de nombre d’institutions patrimoniales et culturelles, l’exposition d’histoire, qui plus est en période commémorative, est considérée comme un vecteur de mémoire et, plus encore, comme un outil d’éducation à la citoyenneté. Au croisement de la sociologie de la mémoire et des études des visiteurs de musées, le projet MEMU, conduit conjointement par la BDIC et l’ISP, dans le cadre du Labex « Les passés dans le présent » et soutenu par la Mission du Centenaire, entend confronter ces attentes avec les appropriations sociales qui sont effectivement celles des visiteurs. En 2014 et 2015, six expositions consacrées à l’histoire et à la commémoration de la Première Guerre mondiale - à la BnF, aux AN, au Musée de l’Armée-BDIC, au Musée des Pays de Meaux, aux Archives Municipales de Marseille et au Musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble – ont ainsi donné lieu à des enquêtes de terrain approfondies, mêlant passation de questionnaires, observations et réalisation d’entretiens. La communication proposée fera un premier bilan de cette enquête et reviendra de manière plus spécifique sur une de ses dimensions pour s’interroger sur les rapports sociaux de classe à l’offre commémorative. Le titre choisi pour cette communication fait ainsi référence à l’intitulé de l’ouvrage de Richard Hoggart auquel elle entend faire écho à partir d’un objet décalé.
Isabelle Aristide-Hastir
Déchiffrer les lettres de Marie-Antoinette ? L'apport des technologies récentes en imagerie pour révéler un texte sous-jacent dans un manuscrit de la fin du XVIIIe siècle
La correspondance secrète échangée entre la reine Marie-Antoinette et Axel de Fersen en 1791-1792, acquise par les Archives nationales en 1982, comporte quelques parties indéchiffrables, en raison d’un caviardage recouvrant l’écriture inférieure. Sortes de « palimpsestes » modernes par superposition d’écriture sans effacement de l’écriture inférieure, ces lettres comportent une difficulté supplémentaire de décryptage en raison de la similitude de composition chimique des encres utilisées pour l’écriture jusqu’au XVIIIe siècle et du mélange intime entre le texte original et les ratures qui ne permet pas, a priori, de distinguer de stratigraphie. Pour la première fois, ces lettres seront scrutées, dans le cadre du projet Patrima-Rex, avec des techniques de pointe : thermographie infrarouge (IRT), fluorescence des rayons X sous micro-faisceau (µXRF), imagerie hyperspectrale dans le visible et proche infrarouge (HIS VNIR/SWIR). Le projet s'inscrit dans un programme de recherche collaboratif entre les Archives nationales, l’université de Cergy-Pontoise et plusieurs laboratoires de recherche (Cité de la Musique, CRC). La communication fera le point sur la possibilité de décryptage des parties raturées des lettres de Marie-Antoinette, mais aussi sur les perspectives d’élaboration de protocoles de traitement de manuscrits contemporains par l’optimisation des techniques utilisées et l’exploration de nouveaux outils d'analyse.
Michèle Baussant, Marina Chauliac, Irène Dos Santos, Evelyne Ribert et Nancy Venel
Mise en visibilité des mémoires des migrations : une patrimonialisation singulière?
Cette communication est le fruit du travail d’une équipe constituée de Michèle Baussant, chargée de recherche au CNRS (CRFJ), Marina Chauliac, conseillère pour l’ethnologie à la DRAC Rhône-Alpes et membre du IIAC/CEM, Irène Dos Santos, IR labex « Les passés dans le présent » et chercheure associée à l’IIAC-CEM, Evelyne Ribert, chargée de recherche au CNRS (IIAC-CEM), Nancy Venel, maître de conférences en science politique à l’Université Lyon II, (Triangle UMR52/06).
Depuis les années 1980, les initiatives visant à « recueillir » les mémoires des migrations, au sens d’expériences mises en récit, et à les transformer en une forme de patrimoine, se multiplient. Ce patrimoine se compose de recueils de souvenirs, d’objets, d’archives privées pour la constitution de collections muséales et d’archives publiques, de réalisations de films et d’ouvrages, rendant ainsi visibles les mémoires singulières des migrants dans l’espace public. Deux questions se posent : comment les mémoires privées et singulières se transforment-elles à l’occasion de ce passage et dans quelle mesure contribuent-elles ou non à construire une mémoire collective et à transformer les représentations des migrations, que ce soit celles des migrants ou de la société ? En quoi la relation entretenue avec une expérience migratoire très diverse, et notamment la façon de la situer comme passé, comme présent, ou en tant que futur, à travers un projet, influence-t-elle cette éventuelle construction patrimoniale ? Nous tenterons de répondre en analysant les acteurs de cette mise en visibilité, ses modalités et les mécanismes à l’œuvre à partir d’exemples s’inscrivant dans un cadre local, en France et à l’étranger, et impliquant des institutions publiques, des associations et leurs membres pour lesquels cette valorisation mémorielle peut constituer une ressource. Nous terminerons en tentant de discerner les éléments qui en font une patrimonialisation et un patrimoine singuliers.
Depuis les années 1980, les initiatives visant à « recueillir » les mémoires des migrations, au sens d’expériences mises en récit, et à les transformer en une forme de patrimoine, se multiplient. Ce patrimoine se compose de recueils de souvenirs, d’objets, d’archives privées pour la constitution de collections muséales et d’archives publiques, de réalisations de films et d’ouvrages, rendant ainsi visibles les mémoires singulières des migrants dans l’espace public. Deux questions se posent : comment les mémoires privées et singulières se transforment-elles à l’occasion de ce passage et dans quelle mesure contribuent-elles ou non à construire une mémoire collective et à transformer les représentations des migrations, que ce soit celles des migrants ou de la société ? En quoi la relation entretenue avec une expérience migratoire très diverse, et notamment la façon de la situer comme passé, comme présent, ou en tant que futur, à travers un projet, influence-t-elle cette éventuelle construction patrimoniale ? Nous tenterons de répondre en analysant les acteurs de cette mise en visibilité, ses modalités et les mécanismes à l’œuvre à partir d’exemples s’inscrivant dans un cadre local, en France et à l’étranger, et impliquant des institutions publiques, des associations et leurs membres pour lesquels cette valorisation mémorielle peut constituer une ressource. Nous terminerons en tentant de discerner les éléments qui en font une patrimonialisation et un patrimoine singuliers.
Valérie Beaudouin et Lionel Maurel
La Grande Guerre sur le Web : présence et diffusion du patrimoine numérisé
La Bibliothèque nationale de France (BnF), le laboratoire de sociologie de Telecom ParisTech, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et l’Institut des sciences sociales du politique (ISP) collaborent sur un projet de recherche dont l’objectif est de comprendre comment les documents d’archives numérisés circulent, sont commentés et se disséminent sur le Web, en se concentrant sur le cas de la Grande Guerre. Quelles sont les formes d’appropriation du patrimoine numérisé, par des publics aussi bien amateurs que professionnels ? Le projet comprend trois volets. Le premier, qui s’appuie sur les archives du web de la BnF, permet de dresser une cartographie dynamique des sites liés à la Grande Guerre, d’en identifier les acteurs, de mettre à jour les relations entre ces sites. L’étude d’un forum très actif dans le réseau et citant de très nombreuses sources constitue le deuxième volet : quelles sont les sources utilisées, comment sont-elles citées, commentées, qui participe à la médiation de ces sources ? Enfin, le projet comporte une expérimentation sur la dissémination de collections de photos de la guerre récemment numérisées (les Albums Valois de la BDIC) en suivant pas à pas la diffusion de ces photos sur le web et en évaluant l’impact de différentes formes de médiations. Le projet vise aussi à produire un ensemble de recommandations méthodologiques pour évaluer la dissémination sur le Web.
Viviana Birolli et Camille Bloomfield
Manart: sélectionner, éditer, dématérialiser les manifestes artistiques
Manart est une base de données en ligne qui, depuis 2012, répertorie les manifestes artistiques produits du début du XXe siècle à nos jours, dans tous les domaines de la création (arts, littérature, architecture, cinéma), sans se limiter à un espace géographique. La base recense à ce jour plus de 700 notices sur des manifestes, comprenant des informations descriptives et critiques qui permettent d’interroger la construction du genre, au carrefour entre production et réception, démarche quantitative et qualitative. Collaborative, Manart s’inscrit dans le mouvement de l’open access, contribuant à faire du patrimoine documentaire un processus relationnel dynamique. Les protocoles de consultation rendus possibles par les digital humanities deviennent ainsi autant de repères pour des méthodologies innovantes (visualisations de données générées selon des paramètres multiples, mise en valeur de la dimension visuelle, etc.). La communication s’intéressera à la manière dont les technologies numériques modifient notre rapport à l’histoire des arts, offrant une palette de réponses aux problèmes traditionnellement posés par la patrimonialisation (définition de corpus, édition des sources, diffusion, etc.). Entre matérialité du document et immatérialité du fac-similé virtuel, comment le numérique peut-il remettre en cause l’idée même de vérité du texte et favoriser une recherche mondialisée, sans pâtir des dérives propres à la dématérialisation (excès de données, non-pérennité…) ?
Marc Bormand et Anne Bouquillon
Les reliefs en stuc de la Renaissance italienne: recherches sur un matériau « pauvre »
Le « stuc », matériau complexe, résistant à l’altération, constitué à la fois de phases minérales carbonatées et/ou sulfatées dominantes et de produits organiques divers, est utilisé depuis la plus haute antiquité tant dans la décoration architecturale que dans la sculpture. Notre recherche s’inscrit dans ce domaine précis, en la focalisant sur l’étude des reliefs de dévotion polychromés si répandus dans l’Italie de la Renaissance. Le « stuc » est une matière bon marché, aisée à mettre en œuvre et dont les matières premières sont facilement accessibles dans la plupart des régions. Curieusement, l’étude de ses caractéristiques structurales, minéralogiques et chimiques est peu abordée alors qu’elle pourrait être riche en enseignements pour la connaissance des recettes mises en œuvre à telle époque ou dans telle région, de l’origine géologique des matériaux et des particularismes de certains ateliers. Le projet « Esprit », soutenu par le labex Patrima, a pour objectifs d’aborder la terminologie (quels types de matériaux trouve-t-on sous le terme « stucs » ?), de constituer une base de données des compositions d’un ensemble de sculptures italiennes des collections des musées français et de confronter ces données aux informations trouvées dans divers traités techniques anciens. Le but ultime de ces recherches sur le stuc et sa polychromie est de donner des arguments permettant de proposer un rattachement géographique et/ou chronologique à ces œuvres produites de façon sérielle.
Héloïse Conesa
La conservation et la valorisation du patrimoine photographique contemporain dé/re-matérialisé.
Cette intervention aura pour but de questionner la conservation et la valorisation de la photographie contemporaine envisagée selon deux des axes qui la construisent depuis une vingtaine d’années, à savoir : la dématérialisation – projection, POMs (petits objets multimédias), recyclage de flux d’images numériques mises à disposition sur Internet – et son pendant, la rematérialisation de la photographie – culte du tirage argentique « vintage », regain d’intérêt pour des techniques historiques (daguerréotypes, ambrotypes, procédés pigmentaires), etc. Ces deux pratiques interrogent ce qui constitue aujourd’hui l’essence même de la photographie et les chercheurs sont contraints de redéfinir les contours de leur objet d’étude ainsi qu’en témoigne le glissement lexical des termes « photographie » et « photographe » vers ceux plus englobants d’« image » et « artiste ». Prenant acte de ces mutations, les conservateurs doivent alors envisager de nouveaux modes de stockage (par exemple des disques durs externes pour les fichiers numériques natifs ou des zones de conservation spécifiques pour des œuvres photographiques hybridées avec d’autres disciplines artistiques comme la peinture ou la sculpture), anticiper l’obsolescence des technologies à même d’assurer la présentation des oeuvres et trouver de nouveaux canaux de valorisation des œuvres (éditions multimédia, expositions virtuelles…).
Pascal Cordereix, Aude Julien-da Cruz Lima et Claire Schneider
Les sources de l’ethnomusicologie : les outils du web sémantique pour une médiation novatrice des archives sonores et audiovisuelles
Le projet Les Sources de l’ethnomusicologie, initié en 2012, s’inscrit dans le second axe du Labex Les passés dans le présent : « Connaissance active du passé : pratiques et outils de transmission ». Il a été défini conjointement par trois partenaires : le musée du quai Branly, le Centre de Recherche en Ethnomusicologie (LESC, UMR 7186, CNRS), la BnF, département de l’Audiovisuel. Les fonds sont constitués de documents de différentes natures : archives sonores, archives audiovisuelles, manuscrits, photographies ainsi que la collection d’instruments de musique du musée du quai Branly. L’enjeu principal de ce projet est de faciliter l’accès à ces fonds patrimoniaux auprès de publics variés et de permettre une plus large diffusion des traditions musicales et orales du monde grâce à des modes d’accès innovants pour des publications web. Les corpus seront également le support d’une médiation historique et artistique originales. Notre intervention pourrait présenter une double approche novatrice : la réunion de corpus éclatés par l’histoire des institutions et la volonté des collecteurs. Ce regroupement permet une médiation tournée vers le grand public, ainsi que le renouvellement des axes de recherche ; l’intégration des possibilités du web de données, qui s’appuient sur des référentiels communs, normés et enrichis (indexation « Instruments de musique » dans Rameau).
Philippe Dillmann
Recherches interdisciplinaires sur l’armement médiéval : bombardes et armures
Les études menées autour de la place des métaux dans les sociétés anciennes font l’objet d’approches interdisciplinaires mettant en œuvre un dialogue des plus exigeants entre les sciences humaines et les sciences analytiques, ces dernières permettant de collecter des informations inédites sur les systèmes anciens (objets, sites, etc.). Cette communication aura pour objectif de présenter les résultats récents obtenus dans le cadre d’un axe de recherche sur l’armement médiéval et les métaux ferreux lancé au sein du Labex PATRIMA par le LAPA, le CICC, le Musée du Louvre, le Musée de l’Armée en collaboration avec la Wallace Collection (UK) et l’équipe d’histoire des techniques de l’EA 1571 de l’Université Paris 8. Les résultats obtenus sur un corpus de bombardes du XVe siècle conservées au Musée de l’Armée et sur des pièces d’armures italiennes et allemandes fournies par la Wallace collection, datant des XVe, XVIe et XVIIe siècles, seront présentés en lien avec les questionnements en histoire des techniques sidérurgiques de ces périodes. Seront considérées notamment l’influence de l’apparition de nouveaux procédés sidérurgiques à ces périodes, la nature des matériaux employés ainsi que la diversité de provenance de ces derniers.
Bernadette Dufrêne et Alexandra Saemmer
Patrimoine éphémère : quelles réalités ?
Nous proposons dans cette intervention une introduction générale aux problématiques discutées dans le premier numéro de la revue HYBRID en les replaçant dans une perspective plus générale, celle des possibles définitions du patrimoine au regard de l’éphémère et de la prédilection pour certaines formes d’esthétique. En interrogeant les instances décisionnelles et les contextes de la patrimonialisation, une première série d’articles relativise l’apparent allant-de-soi des « patrimoines permanents », au point que l’éphémère apparaît comme l’une des essences du patrimoine. Un deuxième ensemble d’articles présente alors des œuvres, démarches de création et « esthétiques de l’éphémère » pré-numériques et numériques, et discute des solutions pour arriver malgré tout à des formes de préservation
Mélanie Duval-Massaloux
Trajectoire patrimoniale des sites d’art rupestre sud-africains. Enseignements à partir du bien UNESCO « Maloti-Drakensberg »
Cette communication s’appuie sur des recherches conduites dans le massif du Drakensberg (Afrique du Sud), inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000. À l’échelle d’un massif historiquement mis en valeur pour ses richesses faunistiques, floristiques et paysagères, il s’agira d’observer l’évolution du statut des sites d’art rupestre, entre curiosité artistique, objet scientifique, patrimoine matériel et patrimoine immatériel, ces différents statuts n’étant pas exclusifs les uns des autres. Cette réflexion en termes de trajectoire patrimoniale permettra d’aborder le patrimoine sous l’angle d’une production essentiellement sociale, où les points de vue et les discours portés par différents acteurs s’entremêlent, se superposent, voire entrent en confrontation. L’approche en termes de trajectoire et la prise en compte de dynamiques multiscalaires sont directement issues des travaux collectifs développés au sein du WP1 (changements en territoires de montagne) du Labex ITEM (Innovations et Territoires de Montagne), formalisés autour de l’approche chrono-systémique. D’un point de vue méthodologique, ces résultats sont issus de plusieurs campagnes de terrain conduites depuis 2010 (observations participantes, entretiens avec les acteurs territoriaux). Les données de terrain ont été croisées avec une analyse de documents d’archives permettant de reconstituer l’histoire patrimoniale du massif (dossiers administratifs, comptes rendus d’excusions, coupures de presse, etc.).
Yolaine Escande
Patrimoine matériel vs valeurs lettrées sur le marché de l’art international des peintures et calligraphies chinoises
La question du patrimoine matériel, de l’estimation marchande, de l’authenticité et de la valeur morale des peintures et calligraphies chinoises sur le marché de l’art international concerne l’importance accrue et nouvelle de la prise en compte d’une certaine matérialité des œuvres d’art dans l’estimation marchande des peintures et calligraphies chinoises « lettrées » sur le marché de l’art international, ainsi que ses conséquences d’un point de vue esthétique, sociologique et anthropologique. En Occident, les collections muséales, y compris d’œuvres chinoises, sont certifiées par des experts dans la perspective d’une recherche d’objectivité, et l’origine des œuvres d’art ainsi que la détermination de leur authenticité, de leur(s) auteur(s), à partir d’analyses matérielles, constituent un travail fondamental. Ces principes ont gagné les musées du monde entier, en Chine, à Taïwan et même au Japon. Par contraste, dans les traditions concernées, l’autorité et l’authenticité des œuvres d’art n’étaient pas définies en termes légaux, matériaux ou historiques, mais selon des normes morales et idéologiques, à des fins de transmission. La présente contribution se propose d’examiner l’évolution des critères d’appréciation, d’évaluation et d’expertise des peintures et calligraphies chinoises « lettrées » dans les musées et salles de vente depuis le début du 21e siècle et leurs conséquences, et de montrer comment et pourquoi les critères matériels ne prévalent pas toujours.
Daniel Fabre
Monument, patrimoine et politiques du sacré. Conquérir Vézelay
Désignée comme monument historique national par Mérimée en 1835, puis restaurée par Viollet-le-Duc, l’abbatiale de Vézelay n’a cessé, depuis lors, d'être objet d'appropriations conflictuelles qui mettent en évidence des valeurs, des justifications et des pratiques contradictoires que le terme patrimoine recouvre sans parvenir à les neutraliser. La communication portera sur les points de rupture entre les versions religieuse et nationale, catholique et laïque d’une exceptionnelle « mise en valeur ». Elle tentera d’éclairer le débat actuel sur les itinéraires de la conversion – artistique, monumentale puis patrimoniale – des « choses » qu'une religion a créées et définies comme sacrées.
Eloi Gattet
La photogrammétrie au service de l’acquisition massive de modèles numériques 3D pour la sauvegarde, le partage et l’étude de collections muséales
Cette dernière décennie a vu émerger une panoplie d’outils et de logiciels de génération de modèles numériques à partir de photographies. La photogrammétrie permet d’acquérir rapidement, facilement et avec une grande précision métrique des copies numériques 3D de pièces historiques, quelle que soit leur taille. Son faible coût par rapport à la lasergramétrie, sa facilité de mise en œuvre et la capacité de créer des modèles colorés réalistes en font un outil de prédilection pour la conservation du patrimoine. Pour autant, la mise en œuvre de ces outils nécessite rigueur et méthode : les photographies doivent être prises suivant des protocoles précis et adaptés à chaque sujet. Il en existe à toutes les échelles : du terrain à l’objet en passant par les bâtiments, façades, peintures ou intérieurs. Le facteur humain inclut un potentiel d'images floues ou d'acquisition incomplète. Pour pallier cela, les chercheurs développent des robots de prise de vue permettant l’acquisition sans faille et massive de données. Ces robots visent à être transportables, abordables, utilisables par tous.
Anne Hertzog
Musées et découpages du monde. Assignations territoriales du patrimoine
À l’heure où le Louvre lance une réflexion sur la réorganisation spatiale des collections afin de s’adapter à la diversification des publics et à son internationalisation (Martinez, 2014), il peut être intéressant de questionner le musée dans sa dimension spatiale. Analyser la manière dont l’espace est mobilisé au musée, ce n’est pas seulement questionner la disposition des objets et les parcours. C’est également se demander quelles catégories territoriales sont utilisées dans le classement des objets et les discours produits par les acteurs contribuant à l’organisation des musées (continents, pays, villes ou quartiers…). Comment les musées réfèrent-ils au monde, selon des représentations historiquement et culturellement construites ? Quels sont les facteurs expliquant le choix des découpages, s’inscrivant à la fois dans l’histoire professionnelle, disciplinaire et culturelle des musées comme production culturelle occidentale ? Quels en sont les enjeux politiques et géopolitiques passés et présents ? Enfin, ces découpages connaissent-ils des reformulations à l’aune des mutations caractérisant le monde post-colonial et globalisé ? Cette contribution est ainsi une manière de questionner les valeurs et les significations attribuées au patrimoine, les formes d’appropriations et d’assignation qui lui sont attribué à travers sa muséalisation.
Brigitte Juanals et Jean-Luc Minel
Évolution des médiations patrimoniales et web sémantique dans les musées : vers la construction d’un espace culturel partagé ?
Dans le secteur muséal, le déploiement progressif des politiques et des technologies relatives au web de données ouvert (Linked Open Data, LOD) fait partie des orientations récentes mises en œuvre ces dernières années. Cette contribution analyse les politiques institutionnelles et les pratiques éditoriales du LOD. La redocumentarisation des contenus culturels numériques dans ce nouveau contexte renouvelle les modalités de la circulation médiatique et sociale des ressources patrimoniales. Le LOD est porteur de l’interconnexion potentielle des données selon des critères sémantiques, d’interopérabilité et d’accès ouvert. Dans une première partie, nous mettrons en évidence les enjeux de visibilité et de diffusion des objets patrimoniaux posés par la mise en œuvre du LOD. Dans une seconde partie, nous analyserons les modes d’articulation entre des politiques institutionnelles et la construction des modèles conceptuels et techniques du LOD en faisant apparaître les caractéristiques de la médiation patrimoniale en cours d’émergence. Cette analyse s’appuie sur les premières expériences de mise en œuvre du LOD dans des établissements culturels français et nord-américains étudiés dans leurs choix stratégiques, éditoriaux et techniques, et plus particulièrement sur une enquête qualitative réalisée en 2013-2014, centrée sur le Smithsonian Museum of American Art, le Getty Research Institute et le British Museum qui ont décidé de porter leur collection ou leur thésaurus dans le LOD.
Julien Jugand
Mettre en scène l’histoire : performances d’un patrimoine musical en Inde du Nord
Cette communication repose sur l’analyse comparée de deux festivals de musique hindoustanie (ou musique classique de l’Inde du Nord) organisés dans la ville de Varanasi entre le XVIIIe et la première moitié du XXe siècles et de leurs revivals prenant place à partir de la fin du XXe siècle. Ces revivals seront plus particulièrement abordés en tant que contextes de performance patrimonialisés. En effet, la variété des formes de revivals proposés - aussi bien au niveau des mises en scène, des discours historicisants sur ces événements, des musiciens invités que des répertoires musicaux présentés - constitue autant d’indices de positionnement des organisateurs (publics comme privés) vis-à-vis de l’espace social local et de son histoire. Cette volonté de faire renaître un passé idéalisé permet de mettre en évidence des processus de socialisation spécifiques au sein du milieu du patronage de la musique hindoustanie, ainsi que la nature protéiforme d’un patrimoine musical classique nord-indien qui est autant défini par sa matière sonore que par son cadre matériel et social de performance (dispositif scénique, décorations, costumes, formes de sociabilité et d’hospitalité, etc.). À travers le croisement de démarches historiographique et ethnographique, cette communication entend donc proposer une vision dynamique de la construction d’un patrimoine musical sonore et performatif à travers la mobilisation de représentations historiques différenciées par les acteurs de la scène musicale.
Alizée Lacourtiade
Des cristaux d’argent aux pixels : l’oeuvre cinématographique à l’époque de sa reproduction numérique.
La conservation des films a connu un tournant avec les outils numériques : face à la dégradation irrémédiable de la pellicule, la numérisation a été perçue comme une solution miracle. Le développement de scanners a permis de redécouvrir des œuvres dont les supports étaient trop dégradés ou les formats trop particuliers pour pouvoir être sauvegardés selon la filière argentique. La numérisation a ouvert de nouvelles perspectives : une fois le support original sauvegardé, une restauration a lieu numériquement. Ce travail fastidieux, effectué image par image, a été allégé avec l’apparition de programmes permettant de supprimer poussières et rayures de manière semi-automatique. Néanmoins ces calculs sont source d’erreur nécessitant une extrême prudence quant à leur emploi : ses potentielles dérives ont multiplié les questionnements autour de l’acte de restaurer et sa méthodologie. En dépit de ses nombreux avantages, la numérisation se heurte à deux problèmes fondamentaux : le stockage et la conservation des données informatiques sont incertains, c’est pourquoi après leur traitement numérique, les films sont reportés sur un support pellicule stable. Cependant, la colorimétrie entre argentique et numérique n’est pas équivalente : face à cette actuelle aporie, les archives se retrouvent confrontées à l’absolue nécessité de conserver les supports originaux, car ils constituent l’unique source fiable pour retrouver la colorimétrie originale d’un film.
Philipp Leu
Matérialité éloquente : les revues littéraires et artistiques de la fin du XIXe siècle
Cette intervention a pour objet de proposer de nouvelles approches pour la patrimonialisation des revues littéraires et artistiques de la fin du XIXe siècle telles que Pan, La Plume, The Yellow Book. Il est impératif de s’interroger sur la matérialité de ce type de périodique, car les supports ont une durée de vie limitée, en raison de l’utilisation d’agents acides dans la confection du papier. Il ne sera bientôt plus possible de confronter l’image que nous donne leur version numérique à celle que leur étude directe nous permet de dégager. L’objet dans sa reproduction numérique se trouve altéré. Des éléments aussi fondamentaux que la couleur, le format, ou des éléments constitutifs de l’identité des périodiques comme les publicités, les couvertures, etc. disparaissent dans leur version numérisée. En raison de nécessités matérielles et de choix techniques, une partie des données signifiantes de la revue se trouvent gommées. Si le point de vue purement textuel est premier dans l’administration de la sauvegarde de ce patrimoine, le rapport texte–image se trouve quant à lui systématiquement négligé, quand il n’est pas occulté totalement. En recourant à des notions comme celle de « code bibliographique », proposé par Jerome McGann dans The Textual Condition, nous envisagerons une nouvelle approche qui considère la revue en tant qu’expression collective. Elle ne se traduit pas à travers le texte pur, mais à travers le rapport du contenu et de paramètres matériels.
David Lo Buglio
Vers une caractérisation d’éléments architecturaux à partir de l’observation des similarités géométriques
L'arrivée du numérique dans le champ des pratiques architecturales, et particulièrement dans celui de l'étude et de la documentation du fait bâti, a engendré ces trois dernières décennies d'importants bouleversements. Les outils et méthodes d'acquisition permettent, aujourd'hui, de combler de nombreux besoins du relevé à l'échelle architecturale. Néanmoins, le développement des technologies mobilisées au niveau de l'enregistrement du bâti semble répondre essentiellement à des exigences d'exhaustivité. Dans un contexte où il n'est plus rare de documenter un objet par plusieurs millions de coordonnées, le relevé du patrimoine bâti est en train de faire face à un problème de surcharge d'informations. La valeur culturelle, cognitive, voire paradigmatique de la représentation architecturale, en d'autres termes sa capacité à constituer un médium de connaissance, est progressivement altérée. Confrontée à ce déficit d'intelligibilité, cette communication présente une approche originale, de bas niveau, pour la caractérisation d'éléments : leurs significations (ou structures sémantiques) proviendraient de l'étude des similarités morphologiques observées au sein d'une collection. L'enjeu est de pouvoir exploiter le cumul de données par la création de signatures géométriques (caractéristiques d'une collection d'éléments architecturaux). Pour illustrer cette approche, les colonnes du cloître de l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa ont fait l'objet d'une étude approfondie.
Philippe Marquis
La 3D et les enjeux de médiation via le numérique au musée : les objets et les sites archéologiques
Un accès plus facile aux technologies du numérique et plus particulièrement de la 3D ouvre de nouvelles possibilités de présentation des objets archéologiques, mais aussi des sites dont ils peuvent provenir. Visualiser des objets en 3D sur des moniteurs dédiés, en faire des impressions 3D sont des opérations complètement maîtrisées et d'ores et déjà des reconstitutions numériques remplacent dans bien des musées les traditionnelles maquettes. La médiation s'en trouve modifiée dans sa forme et le potentiel qu'offrent les technologies numériques suggère que ces tendances vont s'amplifier. Il importe donc de s'interroger, sans tarder, sur le moyen d'employer ces nouvelles technologies, au mieux des intérêts des publics et des collections, mais également en prenant bien en compte les contenus scientifiques et la gestion sur le long terme de tels outils.
Cheikh Niang
Patrimoine culturel et restauration-conservation : pour un référentiel commun aux différentes sources de données
Le projet PARCOURS se situe dans le contexte plus large de la mise en place d’un système d’information pour les sciences du patrimoine, orienté vers les données de conservation-restauration, qui intègre les sources de données sur ce thème générées par les laboratoires partenaires du labex PATRIMA. À travers une approche ontologique, l'intention du projet PARCOURS est plus concrètement de fournir un point de référence commun pour des sources d'information divergentes et incompatibles, qui peuvent être ainsi comparées et finalement harmonisées. Notre communication abordera les grandes lignes de la mise en place de ce projet. Le modèle ontologique élaboré pour servir de cadre consensuel à la représentation formelle des données de conservation-restauration sera présenté. Nous présenterons également le système d’intégration dans laquelle sera mise en œuvre cette ontologie afin :
• d’extraire des descriptions sémantiques en format RDF à partir du contenu des différentes sources. Chaque entrepôt RDF décrit plus précisément les instances (objets du patrimoine, références bibliographiques, images, événements, mesures, etc.) dans le vocabulaire commun de l’ontologie.
• d’interroger les différents silos RDF selon une approche de médiation qui, étant donné une requête exprimée par un utilisateur, identifie les différentes sources impliquées par cette requête, les interroge sur les éléments de réponse qu’elles détiennent et présente enfin à l’utilisateur une réponse globale.
Marie-Sylvie Poli
La muséologie de la réception : une approche critique de la patrimonialisation comme pratique sociale
Si l'on s'en tient aux chiffres publiés en ce début d'année 2015, il paraît indéniable que l'institution muséale et son média favori, l’exposition, participent intensément (près de 24 millions de visiteurs en France en 2014) à faire de la rencontre entre les publics et les patrimoines exposés une pratique de transmission et de médiation du patrimoine. Mais peut-on pour autant parler d'appropriation sociale du patrimoine ? Pour répondre à cette question nous nous référerons à nos travaux en muséologie de la réception sur des terrains aussi variés que des expositions et des musées d'art, d'histoire, de sciences ou de société. Nos recherches ont pour objectif de saisir les enjeux muséologiques inhérents à toute recherche approfondie sur la réception ou socialisation d'une exposition à un moment donné, sur un territoire donné et dans un contexte politique donné. En accordant la parole aux acteurs territoriaux, mais surtout aux publics réels ou potentiels de ces médiations du patrimoine, nous parvenons à faire la part des choses entre ce qui relève d'une part de la volonté des institutions muséales, des scientifiques et des politiques, de mettre le patrimoine en acte dans la société ; et d'autre part, de ce qui relève des manières dont les citoyens intègrent ces discours de patrimonialisation à leurs visions du monde contemporain autant qu'à leurs préoccupations éthiques et culturelles.
Nicolas Prévôt
Le patrimoine musical des Nanterriens : un projet « INOUI » de webdocumentaire.
« Le Patrimoine Musical des Nanterriens » est un projet de recherche-action mené au sein du Labex Les Passés dans le Présent par un groupe d’étudiants en master d’ethnomusicologie et anthropologie de la danse, encadrés par des enseignants-chercheurs de l’université Paris Ouest Nanterre et du CREM-LESC. Il entend rendre compte de pratiques musicales et dansées situées au plus proche de nous, mais souvent méconnues car peu visibles. Il a également pour but de faire connaître ces savoirs et ces pratiques à un plus large public, à commencer par les habitants de Nanterre, en organisant des événements culturels avec le soutien de la ville et en facilitant l’accès aux données collectées et archivées. Il s’agit non seulement de mettre en valeur un patrimoine bien vivant à travers ses acteurs, mais également de rendre compte de la recherche elle-même, du processus et des méthodes, voire même de la formation des étudiants sur le terrain. À travers quelques extraits vidéo et une présentation du webdocumentaire, nous verrons en quoi celui-ci apparaît comme le mode de restitution le mieux approprié pour ce type de projet, à la fois scientifique et pédagogique : articulation de différents types de supports (son, photos, vidéo, texte, cartes, graphiques), interactivité, niveaux de lecture variés selon les publics visés, accès direct et gratuit, etc.
Sylvie Sagnes
D'une quête à l'autre : la visite de Notre-Dame
Monument surinvesti de sacralités (religieuse, nationale, patrimoniale), Notre-Dame de Paris est aujourd’hui l’un des sites les plus prisés au monde. En 2000, les désagréments de cette sur-fréquentation touristique ont conduit Mgr Lustiger à interdire les visites guidées autres que celles proposées par CASA (Communauté d’accueil sur les sites artistiques). Contestée par le syndicat des guides, la décision a néanmoins été entérinée par la justice, en vertu du caractère catéchétique du guidage des membres de CASA. L’argument de la victoire ne saurait pourtant définir à lui seul la médiation que mettent en œuvre les bénévoles à Notre-Dame. Non plus, du reste, le principe de « transparence » promu par les responsables de l’association, reprenant ainsi à leur compte l’idée largement répandue selon laquelle une médiation réussie est une médiation invisible. Ainsi s’agira-t-il de montrer comment, loin de se voir opposées ou dissoutes l’une dans l’autre, curiosité patrimoniale et quête spirituelle s’épaulent, induisant de fait une redistribution des rôles sur le théâtre de méditation : celui de médiateur incombe au patrimoine, celui du visité au visiteur tandis que le guide apparaît comme le premier et principal bénéficiaire de son guidage. Attentif aux modalités de cette recomposition, l’on saisira la manière dont les CASA, quoi qu’aux marges des pratiques les plus professionnelles et les plus en pointe de la médiation, participent pleinement de notre modernité patrimoniale.
Valentina Vapnarksy et Éliane Camargo
Restitution des savoirs autochtones et formes locales de transmissions : un portail collaboratif wayana-apalaï (Guyanes)
Cette présentation propose une réflexion sur les nouvelles formes de pratiques patrimoniales, à partir d’un projet collaboratif de restitution avec des populations amérindiennes des Guyanes (préfig. Labex Les Passés dans le présent), ainsi que des réflexions menées au sein du programme FABRIQ’AM La fabrique des « patrimoines » : Mémoires, savoirs et politique en Amérique indienne aujourd’hui (ANR). Répondant à une demande locale, le projet s’attache à valoriser et à restituer aux populations wayana et apalaï un ensemble de fonds sonores, filmiques et photographiques concernant leurs savoirs oraux et rituels, collectés sur plus de deux siècles par des étrangers. Son originalité est d’accorder un rôle central aux populations ethnographiées par la participation active d’une équipe wayana-apalaï dans la conception du portail —outil de restitution—, à savoir dans la définition des formes de sélection, de modalité d’analyse, de présentation et de conditions d’accès aux données. Cette collaboration s’applique également à l’édition de chants rituels et à l’étude de collections muséographiques wayana, notamment celle du musée du quai Branly et les objets anciens qu’elle contient. Cette expérience offre un cadre particulièrement propice pour une analyse réflexive sur les pratiques de restitution et les nouveaux médias impliqués, les processus de réappropriation de ces objets culturels, ainsi que sur l’incidence de ces nouvelles pratiques sur la transmission des savoirs « traditionnels ».